Et si parler mal de sa voix l’empêchait de progresser ?

On l’oublie parfois, mais la voix est bien plus qu’un simple instrument : elle est une partie de nous-mêmes, profondément liée à notre identité, à nos émotions, à notre histoire. Quand nous chantons ou que nous prenons la parole, ce n’est pas seulement un son qui sort : c’est un peu de qui nous sommes.

Et pourtant, combien de fois entend-on des phrases comme :

  • « J’ai une voix moche »

  • « Je chante faux »

  • « Ma voix est trop faible »

  • « Je n’ai pas de talent »

Ces petites phrases, lancées souvent à la légère, peuvent sembler anodines. Mais si elles avaient en réalité un impact direct sur nos progrès vocaux ?

Les mots façonnent notre expérience.

La manière dont nous parlons de notre voix influence la manière dont nous l’utilisons.
En répétant sans cesse que notre voix est « nulle », on envoie au cerveau un message d’échec permanent. Peu à peu, cette croyance devient une vérité intérieure. On se crispe, on n’ose plus explorer, et les progrès se bloquent.

À l’inverse, si l’on accueille sa voix avec curiosité, même dans ses imperfections, on ouvre un espace de liberté et d’apprentissage.

Critiquer sa voix = tendre ses muscles

La voix est très sensible au stress et à la tension psychologique. Quand on se juge durement, on contracte le corps : gorge serrée, souffle retenu, mâchoire rigide.

Résultat : la voix perd en fluidité et en justesse… exactement ce qu’on redoutait ! C’est un cercle vicieux : plus on se critique, plus on se crispe, moins la voix sort librement.

Changer de discours pour progresser

Dans un processus d’apprentissage, il est crucial de changer la manière dont on se parle. Le langage intérieur façonne l’expérience :

  • Passer de la critique au constat :
    « Je n’y arrive pas » → « Aujourd’hui, c’est difficile ».

  • Remplacer le jugement par la progression :
    « Je suis nul·le » → « Je suis en train d’apprendre ».

  • Valoriser l’effort plutôt que le résultat :
    « Ma voix n’est pas assez puissante » → « Je travaille ma respiration et mes appuis ».

  • Utiliser un vocabulaire de bienveillance :
    Cela diminue les tensions, la peur de mal faire, et donc les blocages physiques (dans la gorge, le souffle, les épaules…).

En bref : changer ses mots, c’est déjà commencer à changer sa voix.

Mon rôle de coach : accompagner le discours intérieur

Lors de mes coachings, je n’ accompagne pas seulement les apprentis chanteurs dans leur technique vocale : je les aide aussi à changer leur discours au sujet de leur voix.
Je les sensibilise à l’impact que leurs paroles ont sur leur estime d’eux-mêmes, et je les invite à comprendre que l’apprentissage du chant passe autant par la technique que par le dialogue intérieur.

Car progresser, ce n’est pas seulement placer un son juste : c’est aussi se donner la permission d’aimer sa voix, même en construction.

La voix se construit comme une relation

Imaginez que votre voix soit une personne : si vous lui répétez chaque jour qu’elle est ratée, croira-t-elle en elle-même ?
Non. Elle se fermera. Mais si vous l’encouragez, si vous la respectez, elle se déploiera.

La voix a besoin de temps, d’entraînement… mais surtout de confiance.

Et si vous essayiez ?

La prochaine fois que vous vous surprenez à critiquer votre voix, stoppez-vous. Transformez la phrase.
Au lieu de « Je chante faux », dites : « J’entraîne mon oreille ».
Au lieu de « Ma voix est faible », dites : « Je développe ma respiration ».

Petit à petit, ce changement de langage peut créer un changement de ressenti… et donc, de résultat.

Conclusion

Parler mal de sa voix, c’est comme mettre des bâtons dans les roues de son propre progrès. La voix n’a pas besoin de jugements, mais de patience, d’écoute et de respect.

Alors, la prochaine fois que vous chanterez, rappelez-vous : chaque voix est unique et mérite d’être accueillie comme elle est, en chemin vers ce qu’elle peut devenir.

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Votre voix, alliée ou obstacle à une communication claire ?